jeudi 5 avril 2012

Ma vie de sourde : la parole vs la LSF...

"Comme tu parles bien, ce n’est pas la peine que j’apprenne la LSF..."


C’est une phrase que j’ai entendue bon nombre de fois depuis que je suis entrée dans la vie adulte. Ce n’est pas très sympa, c’est même humiliant et irrespectueux. Je ne tolère pas que l’on me dise cela.

« Pipiiii, toilettes où ? », « Faim, manger quand quand ? », « Voiture Maman là toi rentrer à la maison. A demain ! »… ces phrases produites en LSF en maternelle avec l'instit ou mes camarades, je me les remémore de temps en temps. Après vinrent l’apprentissage de la lecture et l’oralisation, tout s’est enchaîné et je suis devenue rapidement bilingue.

Mais cela ne veut pas pour autant dire que je n’ai plus besoin de la LSF, elle reste ma langue première, sur laquelle je me suis construite (surtout à l’école), il est hors de question de l’occulter.

Nous, les sourds, nous faisons au quotidien des efforts pour communiquer avec les entendants (en famille, à l’école, au travail, en voyage…) en oralisant / lisant sur les lèvres plus ou moins bien. Ce n’est pas évident pour un sourd profond de naissance d’apprendre à parler. Il fait beaucoup d'efforts, il serait bon de lui rendre la pareille ;-).

La LSF est une magnifique langue, aussi belle et riche que la langue française, pourquoi la dénigrer tant ? Avec ses dimensions gestuelle, visuelle et tactile, elle ressemble à une musique ou une danse de mains, à une chorégraphie théâtrale. Rien à voir avec les langues orales.

Un conseil : entraînez-vous à dire en gestes lorsqu’il y a un sourd dans votre entourage s’il pratique cette langue :
« Toi effort parler et lire sur les lèvres, moi bases LSF apprendre. Comme ça, toi souffler un peu et moi effort un peu plus pour toi » et votre relation ne peut que s’améliorer… et devenir complice peut-être ?

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